Haïti : Avocats sans frontières Canada demande au chef de l’ONU, Antonio Guterres de condamner les propos choquants de son prédécesseur Ban Ki-moon à l’encontre des victimes du choléra

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Lundi 24 janvier 2022 ((rezonodwes.com))–

Deux lettres envoyées le 12 octobre 2021 auSecrétariat général des Nations Unieset auHaut-Commissariat aux droits de l’hommeface aux paroles choquantes de M. Ban Ki-moon, à l’encontre desvictimes du choléra en Haïti.

Avocats sans frontières Canada a rendu publiques ces deux lettresle 21 janvier 2022.

Dans ses mémoires intitulées Resolved: United Nations in a Divided World, publié le 15 juin 2021, Ban Ki-Moon accuse de fraude, de tentative d’extorsion de fonds et de détournement abusif les victimes du choléra.De graves déclarations, qui vont à l’encontredes excuses officielles émises en 2016 par Ban Ki-moon lui-même, au nom de l’ONU.

L’actuel mutisme des NU est inacceptable.Les Casques bleus sont responsables de l’introduction du choléra en Haïti. Une épidémie qui aura finalement causé entre10 000 et 30 000 décèsetqui aura infecté plus de 820 000 Haitien-ne-s.

Nous demandons au Secrétaire général des Nations Unies,M. Antonio Guterreset au Haut-Commissariat aux droits de l’homme,Mme Michelle Bachelet,de condamner expressémentles propos de l’ancien Secrétaire général et de réitérer ses excuses et son soutien aux victimes du choléra en Haïti.

Taïna Noster (ASFC)

Son Excellence

António Guterres

Secrétaire général des Nations Unies

Objet: Déclarations relatives aux victimes du choléra en Haïti – Mémoires de Ban Ki-Moon

Votre Excellence,

Nous tenons à souligner votre engagement à réformer le système des Nations Unies dans le but « d’inverser les reculs observés au cours des dernières années en prêtant attention à l’ampleur des droits […], à leur universalité et à leur indivisibilité, en garantissant la responsabilisation et en tenant compte de la détresse des victimes »[traduction libre]1. Nous sommes convaincu.e.s que ces efforts sont de la plus haute importance pour renforcer la paix universelle, protéger les populations les plus vulnérables et maintenir le statut des Nations Unies en tant qu’organisation pionnière dans le domaine des droits humains.

Ainsi, nous sommes honoré.e.s de vous adresser cette lettre en votre qualité de Secrétaire général des Nations Unies (SGNU) concernant les récentes déclarations de l’ancien SGNU, Son Excellence Ban Ki-Moon, sur les victimes de l’épidémie de choléra en Haïti.

Introduit dans le pays en 2010 par un contingent de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH)2, le choléra a depuis infecté plus de 820 0003 personnes et tué entre 10 0004 et 30 0005 Haïtien.ne.s. En dépit de l’inlassable combat des victimes du choléra et de leurs représentant.e.s qui dure depuis plus de 10 ans, l’Organisation des Nations unies (ONU) a systématiquement nié sa responsabilité juridique, rejeté toutes les demandes d’indemnisation et refusé d’établir la procédure prévue par l’Accord sur le statut de l’opération des Nations Unies en Haïti (SOFA) pour permettre aux victimes d’exercer pleinement leurs droits, dont celui au recours effectif6. En 2016, la situation a amené le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, M. Philip Alston, à qualifier l’approche de l’ONU de « moralement inadmissible, juridiquement indéfendable et politiquement contre-productive »7 tout en minant « la crédibilité globale de l’Organisation et […] l’intégrité du Cabinet du Secrétaire général ».8

Depuis 2016, l’ONU a pris plusieurs initiatives pour tenter de répondre aux souffrances et aux pertes subies par les victimes. À ce titre, nous tenons à souligner les excuses

1 Guterres, A. Vision Statement for the Selection and appointment of the Secretary-General of the United Nations

(23 mars 2020), En ligne: un.org <

https://www.un.org/pga/75/wp-content/uploads/sites/100/2021/03/Letter-PGA-VS.pdf >.

2 Alston, P. Rapport du rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Doc off NU AG, 71e session, Doc UN A/71/40823 (2016), p. 1-2.

3 MSPP, Rapport du Réseau National de Surveillance du Choléra (Janvier 2019), En ligne: mspp.gouv.ht <

https://mspp.gouv.ht/site/downloads/Profil%20statistique%20Cholera%201ere%20SE%202019.pdf >.

4 Ibid.

5 AGNU, Une nouvelle stratégie de lutte contre le choléra en Haïti : Rapport du Secrétaire général, Doc off AG UN, 71e sess, Doc UN A/71/620

6 Alston, P. Rapport du rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Doc off NU AG, 71e session, Doc UN A/71/40823 (2016), p. 1-2.

7 Ibid.

8 Ibid.

adressées au peuple haïtien par l’ancien SGNU, M. Ban Ki-moon, quant au rôle joué par l’Organisation dans l’épidémie9, ainsi que le développement de la Nouvelle approche contre le choléra en Haïti et la création du fonds d’affectation spéciale multipartenaires (MPTF) pour soutenir financièrement sa mise en œuvre. Bien qu’elles demeurent incomplètes même si mises en oeuvre pleinement et efficacement, ces initiatives « présentaient une opportunité d’amoindrir les torts causés par l’épidémie de choléra, d’aider à reconstruire les vies […] des victimes du choléra, et de commencer à réparer les dommages à la réputation des Nations Unies et la crédibilité de leurs opérations de maintien de la paix » [traduction libre]10.

Cependant, comme l’a démontré une étude de faisabilité réalisée par Avocats sans frontières Canada (ASFC) et l’Institut interuniversitaire de recherche et de développement (INURED), malgré ces efforts, ls victimes du choléra, particulièrement les plus vulnérables d’entre elles, peinent toujours à se remettre des souffrances importantes causées par l’épidémie, entre autres en ce qui concerne la jouissance des droits à la vie, à la dignité, à l’accès à l’eau et à l’assainissement, à la santé, à l’éducation, à un recours effectif et à la réparation11. En outre, la maladie a affecté de manière disproportionnée les femmes, les enfants et les familles vivant dans la précarité, ce qui a contribué à les marginaliser davantage. En effet, en 2019, ces catégories de personnes avaient été identifiées par les victimes elles-mêmes comme étant les plus durement touchées12. Devant la perte de milliers de vies humaines, le pays entier et les victimes du choléra pleurent toujours leurs proches et tentent tant bien que mal de se remettre de l’épidémie. En effet, « ces drames, ce sont ceux des enfants dont les opportunités futures ont été considérablement réduites à la suite de la perte d’un parent, des femmes qui sont devenues mères monoparentales après le décès de leur conjoint, des personnes qui continuent à endurer des troubles physiques ou psychologiques et dont l’accès aux soins de santé est limité »13.

Ceci est particulièrement vrai dans le contexte de pandémie lié au COVID-19, qui, en portant un « second coup » aux victimes du choléra et à leurs familles, souligne encore davantage l’importance et l’urgence de leur offrir une assistance adéquate.14 En l’absence d’une assistance adéquate pour les victimes les plus sévèrement touchées, les tragédies subies par les victimes se perpétuent, les revictimisant encore davantage.15 Dans un contexte d’insécurité croissante, de propagation rapide de variants plus sévères du COVID-19 et de l’accroissement de la fréquence des catastrophes naturelles – comme le séisme du 14 août

2021 -, les victimes du choléra restent exposées de manière disproportionnée aux défis liés aux enjeux de sécurité, de santé publique et climatique. Comme l’a déclaré l’ancien SGNU,

9 ONU Info, « Haïti : Ban Ki-Moon présente les excuses de l’ONU et propose un nouveau plan de lutte contre le choléra » (1er décembre 2016), En ligne: UN.org < http://www.un.org/french/newscentre/>.

10 IJDH, Cholera 9 years on: A New Approach? (Juin 2020), En ligne: ijdh.org <

http://www.ijdh.org/wp-content/uploads/2020/06/A4-IDJH-report-EN.pdf >, p. 12.

11ASFC, Comment répondre aux besoins des victimes du choléra en Haïti? : Faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les personnes les plus affectées par la maladie, (2019) En ligne: asfcanada.ca < https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/asfc_etudefaisabilite_cholera.pdf >, p. 11

12 Ibid, p. 19

13 ASFC, Comment répondre aux besoins des victimes du choléra en Haïti? : Faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les personnes les plus affectées par la maladie, (2019) En ligne: asfcanada.ca < https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/asfc_etudefaisabilite_cholera.pdf >, p. 12.

14 UN News, “UN Committed to a brighter future for Haiti, as independent rights experts call for more action on behalf of cholera victims” (30 avril 2020), En ligne: news.un.org < https://news.un.org/en/story/2020/04/1062962

>.

Haïti : Avocats sans frontières Canada demande au chef de l’ONU, Antonio Guterres de condamner les propos choquants de son prédécesseur Ban Ki-moon à l’encontre des victimes du choléra

15 ASFC, Comment répondre aux besoins des victimes du choléra en Haïti? : Faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les personnes les plus affectées par la maladie, (2019) En ligne: asfcanada.ca < https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/asfc_etudefaisabilite_cholera.pdf >, p. 12.

« l’épidémie de choléra continue d’empoisonner les relations entre le peuple haïtien et les Nations unies », et demeure « une tache sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et sur l’Organisation dans son ensemble » [traduction libre].16

Non sans surprise, il a été porté à notre attention que, dans ses mémoires intitulés Resolved: United Nations in a Divided World, publié le 15 juin 2021, l’ancien SGNU, Son Excellence Ban Ki-Moon, réfère aux victimes du choléra en ces termes :

« J’étais incrédule – non, choqué – quand, en novembre 2011, cinq cents victimes haïtiennes, ainsi que leurs familles, ont intenté un recours collectif contre les Nations Unies et moi-même en tant que Secrétaire général […]. J’ai pensé que cette action en justice était frauduleuse depuis le début et j’étais indigné chaque fois que je pensais à cette tentative d’extorsion des fonds des Nations Unies. Cet effort a nécessité un soutien financier important et une connaissance du système de justice américain, et il était difficile de croire que le peuple haïtien détournerait des ressources dédiées au soutien de sa propre population […]. »17 [traduction libre].

Ces déclarations comprennent de fortes accusations à l’encontre des victimes du choléra et de leurs représentant.e.s, notamment de fraude, de tentatives d’extorsion et de détournement des ressources. Ces dernières négligent leur combat inlassable de plus de 10 ans pour la reconnaissance de leurs souffrances, leurs pertes et leurs droits humains, de même que pour leur participation active aux processus décisionnels et à un dialogue plus transparent avec l’ONU concernant leurs besoins en tant que victimes directes de l’épidémie.

L’ancien SGNU, dans ses mémoires, remet en question le droit des victimes du choléra à exercer leurs droits – dont à un recours effectif et à la réparation – et discrédite le travail des avocat.e.s de droits humains qui les ont représentées avec diligence au fil des ans. Ce faisant, il contrevient aux normes internationales de droits humains élaborées par l’ONU sur le traitement des victimes,18 contestant la validité et la crédibilité même des excuses officielles prononcées par l’ancien SGNU en 2016. Des excuses valables et adéquates font en effet partie d’une réponse holistique et multidimensionnelle aux besoins des victimes et à leurs souffrances. Elles visent à promouvoir la recherche de la vérité et de la justice en mettant l’accent sur la responsabilité et la réconciliation.19 Compte tenu du rôle du SGNU, décrit comme « l’incarnation des idéaux des Nations Unies et porte-parole des peuples du monde, en particulier ceux qui sont pauvres et vulnérables »,20 les déclarations ci-dessus semblent contradictoires venant de la part d’un tel ancien haut fonctionnaire de l’ONU.

À ce titre, les déclarations de l’ancien SGNU Ban Ki-Moon exacerbent les préoccupations en matière de responsabilité et de crédibilité mises en évidence en 2016 par l’ancien Rapporteur spécial, M. Alston, concernant l’approche de l’ONU face au choléra en Haïti,

16 Ki-moon, B. Resolved: Uniting Nations in a Divided World. Columbia, Columbia University Press, 2021, p. 226.

17 Ibid, p. 224.

18 Voir notamment: AGNU. Principes fondamentaux et directives concernant le droit à un recours et à réparation des victimes de violations flagrantes du droit international des droits de l’homme et de violations graves du droit international humanitaire, Doc off, NU AG, 60e sess, DOC NU A/RES/60/147 (2006), art. 10.

19 ASFC, Comment répondre aux besoins des victimes du choléra en Haïti? : Faisabilité d’une approche individuelle d’assistance pour les personnes les plus affectées par la maladie, (2019) En ligne: asfcanada.ca < https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/asfc_etudefaisabilite_cholera.pdf >, p. 36.

20 AGNU, « Le rôle du/de la Secrétaire général/e », En ligne: UN.org <

https://www.un.org/sg/fr/content/the-role-of-the-secretary-general >.

notamment: le rôle central que jouent la préservation de la légitimité, de la crédibilité et de la capacité de réaction dans le succès des missions de maintien de la paix de l’ONU21 ; l’importance pour l’ONU d’adopter une conduite exemplaire afin d’éviter de mettre en péril l’état de droit, de miner sa crédibilité en tant que défenseur de ce respect, et de reproduire « les comportements qu’elle cherche à faire évoluer partout ailleurs »22 ; la nécessité d’éviter d’appliquer une double logique en traitant les violations des droits humains conformément aux piliers de l’Organisation – à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits humains -23 ; ainsi que l’importance de préserver l’intégrité du Secrétariat général des Nations Unies24. En outre, cela renforce encore la conviction que « l’ONU a fait une croix sur sa responsabilité vis-à-vis de l’épidémie et a relégué les droits de l’homme au rang d’activités de bienfaisance »25, comme l’a souligné l’actuel Rapporteur spécial Olivier de Schutter.

Bien que plusieurs des fausses déclarations faites par l’ancien SGNU sur les démarches judiciaires mentionnées précédemment seront corrigées par l’éditeur dans la prochaine édition, ces modifications n’effaceront pas les révélations quant à sa position sur la responsabilité de l’ONU dans l’épidémie et sur les efforts déployés par les victimes du choléra pour exercer leurs droits, y compris à un recours effectif.

En tant qu’actuel Secrétaire général de l’ONU et porte-parole d’un monde où tou.te.s s’efforcent de surmonter leurs différences et sont prêt.e.s à faire des compromis pour parvenir à des solutions pragmatiques, nous espérons que vous pourrez agir en tant que moteur de changements positifs face à cette situation. Bien que nous soyons pleinement conscient.e.s des défis à relever en matière de mise en œuvre et des enjeux liés à la responsabilité juridique, les victimes doivent être consultées et participer activement aux processus décisionnels afin de garantir que leurs besoins soient pris en compte de manière appropriée. Étant donné la gravité des propos de Son Excellence Ban Ki-Moon, une déclaration officielle les dénonçant et réitérant les excuses et le soutien de l’ONU en faveur des victimes du choléra leur enverrait un puissant message de solidarité et de compassion, de même qu’à la population haïtienne en général. Cette déclaration constituerait un exemple positif pour l’avenir des Nations Unies et de la coopération internationale plus largement.

Si vous souhaitez discuter de cet enjeu avec nous, nous serions ravi.e.s d’échanger davantage avec vous. De plus, veuillez noter que cette communication et toute réponse reçue seront rendues publiques sur le site internet d’ASFC dans un délai de 14 jours. Nous vous remercions de votre aimable considération sur cette question importante et sommes impatient.e.s d’avoir de vos nouvelles.

Veuillez agréer, Votre Excellence, les assurances de notre plus haute considération.

21 Alston, P. Rapport du rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Doc off NU AG, 71e session, Doc UN A/71/40823 (2016), p. 17.

22 Ibid., p. 18.

23 Ibid.

24 Ibid.

25 De Schutter, O. “UN Peacekeepers Brought Cholera Epidemic to Haiti Decade Ago”, En ligne:

miamiherald.com <

https://www.miamiherald.com/opinion/op-ed/article246730886.html >

Cordialement,

Benjamin Vilner, coordinateur de l’Association des victimes du choléra de Carrefour

(Asosyasyon viktim kolera Kafou – ASOVIKK)

Borgelin Vilner, coordinateur du Mouvement des personnes victimes du choléra

(Mouvman moun viktim kolera – MOMVIKK)

Berthony Clermont, coordinateur de l’Organisation des victimes du choléra en Haïti

(OVICH)

Patrice Florvilus, fondateur et directeur général du Cabinet d’avocat.e.s spécialisé.e.s en litige stratégique des droits humains (CALSDH)

Pascal Paradis, directeur général d’Avocats sans frontières Canada (ASFC) Gaël Pétillon, directrice Haïti d’Avocats sans frontières Canada (ASFC)

Léo Heller, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement (2014-2020)

William G. O’Neill, ancien chef des affaires juridiques de la Mission Civile

Internationale en Haïti de l’ONU (1993-1995)

CC : Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies ; Ramsey Ben-Achour, Représentant de l’Envoyée spéciale pour Haïti


October 12, 2021

Her Excellency

Verónica Michelle Bachelet Jeria

High Commissioner for Human Rights

Object: Statements Regarding the Cholera Victims in Haiti – Ban Ki-Moon’s Memoirs

Your Excellency:

Firstly, we would like to thank you for your contributions to the cause of human rights and the dismantlement of obstacles to their universal enjoyment, particularly for vulnerable groups. Your dedication to gender equality, children’s rights, and social policies aimed at stimulating growth and development while encouraging social cohesion is nothing short of inspiring.

We are honoured to address you in your capacity as High Commissioner for Human Rights (HCHR) regarding recent statements made by former Secretary General of the United Nations, his Excellency Ban Ki-Moon, on the cholera outbreak in Haiti.

As you are aware, cholera was brought to the country in 2010 by a contingent serving with the United Nations Stabilization Mission in Haiti (MINUSTAH).1 Since then, the disease has infected over 820,000,2 and killed between 10,0003 and 30,0004 Haitians. Despite cholera victims and their representatives’ tireless fight of over 10 years, the UN has systematically denied its legal responsibility, rejected all claims for compensation, and refused to establish the procedure provided for in the Status of Force Agreement (SOFA) to allow victims to exercise their rights, including that to effective remedies.5 In 2016, this led the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Mr. Philip Alston, to describe the UN’s approach as “morally unconscionable, legally indefensible, and politically self-defeating”,6 while undermining both “the UN’s overall credibility and the integrity of the Office of the Secretary-General”.7

Since then, several steps were taken by the UN towards responding to the suffering and losses of cholera victims. Notably, we salute the former UNSG for his apology to Haitians regarding the UN’s role in the epidemic,8as well as the adoption of the New Approach to cholera in Haiti and subsequent creation of the voluntary trust fund (MPTF) to support its financial implementation. While incomplete if fully and effectively implemented, those initiatives “presented an opportunity to reduce the harm of the cholera epidemic, help rebuild the lives […] of cholera victims, and begin repairing the damage to the UN’s standing and the credibility of UN peacekeeping”.9

1 Alston, P. Report of the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Off Doc UN GA, 71st session, Doc NU A/71/40823 (2016), p. 1-2.

2 MSPP, Rapport du Réseau National de Surveillance du Choléra (January 2019), Online: mspp.gouv.ht <

https://mspp.gouv.ht/site/downloads/Profil%20statistique%20Cholera%201ere%20SE%202019.pdf >.

3Ibid.

4UNGA, A new approach to cholera in Haiti: Report by the Secretary-General, Off Doc UN GA, 71st sess, Doc NU A/71/620 (2016). p. 14.

5 Alston, P. Report of the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Off Doc UN GA, 71st session, Doc NU A/71/40823 (2016), p. 1-2

6Ibid.

7Ibid.

8 UN News, « Haïti : Ban Ki-Moon présente les excuses de l’ONU et propose un nouveau plan de lutte contre le choléra » (December 1st, 2016), Online : UN.org < http://www.un.org/french/newscentre/>.

9 IJDH, Cholera 9 years on: A New Approach? (June 2020), Online: ijdh.org , p. 12.

However, despite those efforts, cholera victims, particularly the most vulnerable of them, are still mourning their loved ones and struggling to recover from the extensive suffering caused by the epidemic. Indeed, “[t]hese tragedies are those of the children whose future opportunities have been severely curtailed by the loss of a parent, the women who have become single parents following the death of their spouse, the individuals who continue to suffer from physical or psychological distress and those whose access to health care is limited”.10A feasibility study carried out by Lawyers without Borders Canada (LWBC) and the Interuniversity Institute for Research and Development (INURED) showed that, without specific relief for the plight of the most severely affected victims, negative effects are perpetuated over time, notably regarding the enjoyment of rights to life, dignity, water, sanitation, health, education, effective remedies, and reparation.11

Moreover, the disease has disproportionately impacted and contributed to the further marginalization of women, children, and families living in precarious financial situations. In fact, in 2019, those categories had been identified as the hardest hit by the victims themselves.12 These are the families that are still unable to provide for basic necessities following the loss of the main breadwinner, as well as children who had to drop out of school and whose future opportunities have been severely curtailed by the loss of a parent. It also includes numerous women who became single parents or got infected as front-line workers while taking care of the sick in their households, communities, or hospitals, as well as survivors of the disease who continue to suffer from physical or psychological distress and whose access to healthcare is limited.13

This is particularly true in the context of the COVID-19 pandemic, which is further exacerbating those vulnerabilities and disparities by dealing a double blow on cholera victims and their families, once again stressing the importance and urgency of adequate relief.14In a context of growing insecurity, rapid spread of more severe COVID-19 variants, as well as the increased frequency of natural disasters–such as the August 14th earthquake–, cholera victims remain disproportionately exposed to security, public health and climate challenges. As the former UNSG stated, “[t]he cholera epidemic continues to poison the Haitian people’s relationship with the United Nations”, remaining “a blemish on UN peacekeeping and on the organization worldwide”.15

Surprisingly, it has come to our attention that, in his memoirs entitled Resolved: Uniting Nations in a Divided World and published on June 15, 2021, former UNSG Ban Ki-Moon, addressed the cholera victims’ fight as such:

“I was incredulous—no, shocked—when, in November 2011, five hundred Haiti victims and their families brought a class-action lawsuit against the United Nations and me as its secretary-general […]. I thought this lawsuit was fraudulent from the beginning, and I was incensed every time I thought about this attempt to extort money from the United Nations. The effort required a substantial amount of financial backing and a knowledge of the U.S. legal system, and it was difficult to believe that the Haitian people would divert their resources from helping their own people to obtain either.”16

10LWBC, Meeting the Needs of Victims of Cholera in Haiti : Feasibility of an Individual Assistance Approach for People Most Affected by the Disease, (2019) Online : asfcanada.ca < https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/lwbc_feasibilitystudy_cholera.pdf >, p. 12.

11LWBC, Meeting the Needs of Victims of Cholera in Haiti : Feasibility of an Individual Assistance Approach for People Most

Affected by the Disease, (2019) Online : asfcanada.ca <

https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/lwbc_feasibilitystudy_cholera.pdf >, p. 11.

12Ibid., p. 19.

13Ibid., p. 12.

14UN News, “UN Committed to a brighter future for Haiti, as independent rights experts call for more action on behalf of cholera

victims” (April 30, 2020), Online: news.un.org < https://news.un.org/en/story/2020/04/1062962 >.

15Ki-Moon, B. Resolved: Uniting Nations in a Divided World. Columbia, Columbia University Press, 2021, p. 226.

16Ibid. p. 224.

The above statements are non-compliant with international human rights standards on the treatment of victims developed by the UN17. They include harmful accusations of fraud, attempts of money extortion, and improper resource diversion towards cholera victims and their representatives. As such, they disregard their tireless fight of over 10 years for the acknowledgment of their suffering, losses and enjoyment of their human rights, as well as their active participation in decision-making processes and a more transparent dialogue with the UN regarding their needs as direct victims of the epidemic.

The former UNSG, in his memoirs, questions and attacks cholera victims’ right to exercise their rights–notably to effective remedy and reparation–, and delegitimizes the work of human rights lawyers who represented them diligently over the years. Moreover, whereas effective and adequate apologies are part of a holistic and multidimensional response to the victims and their suffering, and aimed at promoting the search for truth and justice by focusing on accountability and reconciliation,18 the above statements challenge the very validity and credibility of the formal apology issued by the former UNSG in 2016. It is also worth noting that the statements appear conflicting coming from a former UN official of such stature, as they do not reflect the essence of the purposes and principles provided for in the UN Charter, nor that of the UNSG’s role, which is described as the “symbol of United Nations ideals and a spokesperson for the interests of the world’s peoples, in particular the poor and vulnerable among them”.19

As such, the statements by former UNSG Ban Ki-Moon exacerbate the accountability and credibility concerns highlighted by the former Special Rapporteur, Mr. Alston, in 2016 regarding the UN’s approach to cholera in Haiti, notably: the central role that preserving legitimacy, credibility, and responsiveness plays in the success of UN peacekeeping missions20; the importance for the UN to lead by example to avoid undermining the rule of law, diminishing the UN’s credibility as an advocate for its respect, and replicating “the very behaviour it seeks to modify elsewhere”;21 the need to avoid double standards by addressing human rights violations in accordance with the pillars of the Organization’s work–namely peace and security, development, and human rights–;22as well as the importance of upholding the integrity of the Office of the UNSG.23Moreover, it further reinforces the belief that “the U.N. has written off its accountability for the epidemic and relegated human rights to charitable endeavours”,24 as the current Special Rapporteur Olivier de Schutter pointed out.

While several misrepresentations made by the former UNSG regarding the aforementioned legal efforts will be corrected by the publisher in the next edition, these changes will not affect what was revealed as his position on UN accountability regarding the epidemic and the cholera victims’ efforts to exercise their rights, including to effective remedy.

As the UNHC, established spokeswoman for the most vulnerable and close adviser of the

UNSG on human rights policies within the organization, we are hoping that you can drive

17See notably: UNGA. Basic Principles and Guidelines on the Right to a Remedy and Reparation for Victims of Gross Violations of International Human Rights Law and Serious Violations of International Humanitarian Law, Off Doc UN GA, 60th sess, DOC NU A/RES/60/147 (2006), art. 10.

18LWBC, Meeting the Needs of Victims of Cholera in Haiti : Feasibility of an Individual Assistance Approach for People Most

Affected by the Disease, (2019) Online : asfcanada.ca <

https://www.asfcanada.ca/site/assets/files/7187/lwbc_feasibilitystudy_cholera.pdf >, p. 36.

19 UNSG, “The role of the Secretary-General”, Online : UN.org .

20Alston, P. Report of the Special Rapporteur on extreme poverty and human rights, Off Doc UN GA, 71st session, Doc NU A/71/40823 (2016), p. 17.

21Ibid., 18.

22Ibid.

23Ibid.

24De Schutter, O. “UN Peacekeepers Brought Cholera Epidemic to Haiti Decade Ago”, Online: miamiherald.com <

https://www.miamiherald.com/opinion/op-ed/article246730886.html >.

positive change on this matter by encouraging the current UNSG to make an official statement condemning these harmful characterizations contained in Ban Ki-Moon’s statements and reiterating the UN’s apology and support in favour of cholera victims through concrete actions. While we are fully aware of the implementation and liability challenges at stake, victims need to be consulted and actively included in decision-making processes to ensure that their needs are adequately taken into consideration. Your support would send a powerful message of solidarity and compassion to cholera victims and the Haitian population in general, while also setting a positive example for the future of the UN, human rights and international cooperation more broadly.

Should you be interested in discussing this matter with us, we would be delighted to further exchange with you. Moreover, please note that this communication and any response received will be made public via the LWBC’s website within 14 days. Thank you for your kind consideration on this important matter and we look forward to hearing from your office.

Please accept, your Excellency, the assurances of our highest consideration.

Sincerely,

Benjamin Vilner, Coordinator of Carrefour’s Association of Cholera Victims

(Asosyasyon viktim kolera Kafou – ASOVIKK)

Borgelin Vilner, Coordinator of Cholera Victims’ Mouvement (Mouvman moun viktim

kolera – MOMVIKK)

Berthony Clermont, Coordinator of Organization of Cholera Victims in Haiti

(Organisation des victimes du choléra en Haïti – OVICH)

Patrice Florvilus, Founder and Executive Director of the Specialized Law Firm in

Strategic Litigation of Human Rights (CALSDH)

Pascal Paradis, Executive Director of Lawyers without Borders Canada (LWBC) Gaël Pétillon, Country Director of Lawyers without Borders Canada (LWBC)

Léo Heller, former UN Special Rapporteur on the human rights to safe drinking water and sanitation (2014-2020)

William G. O’Neill, former Chief Legal Officer of the UN International Civilian Mission in Haiti (1993-1995)

CC: Amina Mohammed, Deputy Secretary-General of the United Nations ; Ramsey Ben- Achour, Representative of the Special Envoy for Haiti

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