Souvent banalisée, la grippe n'est pas une maladie anodine. Une vaccination, à refaire chaque année, est recommandée chez les personnes à risque de complications. Qui sont-elles ? Le vaccin contre la grippe est-il efficace ? Où se faire vacciner ? On fait le point, alors que la campagne de vaccination 2021-2022 vient d'être prolongée.
Grippe... Ce mot oublié pendant quelques mois se rappelle à notre bon souvenir fin octobre, quand démarre la campagne de vaccination. Après un premier mois réservée aux personnes à risque de complications, la vaccination est désormais ouverte à toute personne qui le souhaite. Face à la circulation active du virus grippal dans la majorité des régions françaises depuis fin décembre, la campagne, initialement prévue jusqu'au 31 janvier 2022, a été prolongée jusqu'au 28 février.
Comme l'an passé, les pouvoirs publics ont appelé à une mobilisation renforcée en raison de la circulation concomitante en hiver des virus grippaux et du coronavirus SARS-CoV-2, responsable du Covid-19.L'enjeu, tel que le rappelle la Direction générale de la santé : "Encourager la synergie entre les deux campagnes de vaccination et ne perdre aucune opportunité de vacciner contre la grippe et contre le Covid-19 les personnes les plus fragiles". Il s'agit de limiter le risque de co-infection, donc de développement de formes graves et de décès.
Le vaccin contre la grippe est fabriqué à partir de virus inactivés. Il ne contient pas de virus vivant, « il n’y a donc aucun risque de transmission de la grippe par le vaccin », indique le Pr Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au CHU de Grenoble.
Sa composition est définie chaque année pour s’adapter aux virus grippaux qui peuvent circuler, ces derniers étant très changeants. C’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est chargée, en amont, de leur surveillance.
La composition du vaccin antigrippal pour l'hiver 2021-20222 a été modifiée par rapport à celle de l'année précédente (source 1). Elle comprend des virus appartenant aux quatre souches suivantes :
Pour la campagne de vaccination de la grippe 2020-2021, les trois vaccins disponibles sont quadrivalents (protègent contre quatre souches de virus) : Vaxigrip Tetra®, Influvac Tetra® et Efluelda®.
L’organisme, au contact des fractions du virus rendu inoffensif, va développer des anticorps, défenses immunitaires spécifiques qui le protégeront face au virus. Compter « environ 15 jours après la vaccination pour être protégé contre la grippe », le temps que le système immunitaire réagisse.
Cette saison, comme l'an passé, à cause du contexte d'épidémie de Covid, la Direction générale de la Santé a établi une priorisation.
L'efficacité du vaccin couvre largement la période pendant laquelle sévit l'épidémie de grippe. Une seule injection est nécessaire (parfois deux chez les jeunes enfants).
Peut-on se faire vacciner si l’épidémie a commencé ? Oui, « il est toujours possible, et temps, de se faire vacciner », précise l’infectiologue.
La majeure partie des publics prioritaires ciblés par la campagne de vaccination contre la grippe est également concernée par l’administration d’une dose de rappel contre la Covid-19. Dans un communiqué paru le 27 septembre 2021 (source 2), la Haute Autorité de santé indique que la co-administration des vaccins contre la grippe et contre la Covid-19 "ne comporte aucun danger". Et de préciser :
Si la co-administration n'est pas possible, aucun délai n'est à respecter entre les deux vaccins.
Fréquente, presque banale, la grippe est considérée comme une maladie peu dangereuse, ce qui est le plus souvent le cas, notamment chez les personnes jeunes et en bonne santé. Mais certaines personnes, dites à risque, sont plus susceptibles de développer des complications. Ce sont elles que les recommandations de vaccination antigrippale ciblent. Les personnes vivement incitées à se faire vacciner et pour lesquelles le vaccin est pris en charge à 100% sont :
Chez les personnes fragiles (personnes âgées, souffrant de maladies chroniques, nourrissons…), des complications, comme une infection pulmonaire bactérienne grave (pneumonie), peuvent apparaître si elles contractent la grippe, pouvant conduire à une hospitalisation. Une maladie chronique pré-existante (diabète, BPCO…) peut aussi s'aggraver.
La femme enceinte connaît une modification de son immunité, ce qui augmente le risque d'infection. Elle est sept fois plus souvent hospitalisée en cas de grippe, par rapport à une personne non enceinte du même âge, en raison de la survenue de complications respiratoires et/ou cardiaques.
Les personnes à risque de complications en cas de grippe sont aussi celles les plus à risque de forme grave de Covid-19.
L'hiver précédent (2020-2021) est considéré comme une anomalie, l'épidémie de grippe n'ayant jamais véritablement démarré. Si l'on s'appuie sur la surveillance menée par Santé Publique France en 2019-2020 sur les formes graves de grippe,les trois-quarts des personnes admises en réanimation pour une grippe grave cet hiver-là étaient éligibles à la vaccination car elles présentaient un des facteurs de risque (âge, pathologie chronique, grossesse, obésité). Or, parmi-celles-ci, moins d’un tiers avaient été vaccinées.
Selon la Haute Autorité de santé (HAS), la grippe provoque chaque année en France entre 8 000 et 14 500 décès.
Pour ces personnes à risque, les modalités de vaccination sont simplifiées : la personne reçoit à son domicile le bon de prise en charge par l'Assurance-maladie.
Au rang des effets indésirables, « il peut y avoir une douleur locale, puisqu’il s’agit d’une injection, ainsi qu’une petite rougeur. Deux ou trois jours après la vaccination, on peut noter un léger pic de température, temporaire, sur 24 heures ».
Comme les formes disponibles en France ne contiennent pas d’adjuvant, et donc pas d’aluminium, la vaccination ne risque pas d’induire une inflammation plus grave.
Les rares cas de narcolepsie et de syndrome de Guillain-Barré signalés ont été décrits surtout après la vaccination contre la grippe pandémique, et non pas celle contre la grippe saisonnière.Pour plus de renseignements sur les possibles effets secondaires du vaccin contre la grippe, retrouvez les explications de Pierre Béguerie, pharmacien et président du conseil de l'ordre national des pharmaciens, en vidéo.
La fièvre est généralement le signe d'une infection. Par principe, il faut donc attendre quelques jours avant de se faire vacciner, comme l'explique en vidéo le président du conseil central de l'ordre national des pharmaciens.
Là encore, si une personne est identifiée comme cas contact d'une personne positive au coronavirus, par principe de précaution, la vaccination doit être reportée à la fin de la période d'isolement de 7 jours.
Avoir eu la Covid-19, même une forme grave, ne représente pas une contre-indication à la vaccination contre la grippe. En revanche, il est important, au moment de se faire vacciner, de ne présenter ni symptômes ni fièvre. La vaccination est même recommandée chez les personnes ayant souffert d'une forme grave de la maladie avec difficultés respiratoires.
Le vaccin est gratuit pour les personnes identifiées à risque,mais son injection est payante et remboursée au taux habituel (70% du tarif conventionnel si la vaccination est réalisée par un médecin, 60% si elle est réalisée par un infirmier). Les personnes qui ne sont pas considérées à risque doivent s'acquitterduprix du vaccin (de 6 à 10 euros) et du coût de l'acte d'injection (remboursé dans les conditions habituelles).
On le sait, l'efficacité du vaccin n'est pas totale : en moyenne, on estime que la vaccination permet d'éviter une grippe sur deux. L'efficacité varie aussi d'une personne à l'autre et d'une saison à l'autre, selon que les souches contenues dans le vaccin sont effectivement bien celles qui sont en circulation.,
Ce qui est sûr : le vaccin protège des formes graves de la grippe. Les risques de complications et d'hospitalisation, si la personne contracte malgré tout la grippe, sont en effet bien moindres que chez une personne non vaccinée.
Le vaccin protège largement des grippes les plus courantes, grippe H1N1 comprise. Mais il ne protège pas contre les grippes rares comme la H7N9 d’Asie du Sud-Est.
Quant à la Covid, le vaccin antigrippal pourrait apporter une protection partielle, selon deux études publiées : « Un vaccin antigrippal quadrivalent inactivé peut induire des réponses immunitaires entraînées contre le SRAS-CoV-2, ce qui peut entraîner une protection relative contre le Covid-19 ».
Pour soigner une grippe, on traite les symptômes bien sûr, et on veille à ne pas contaminer son entourage : on reste en effet contagieux pendant environ une semaine après le début de la maladie.
Source 1 : "26 February 2021Page 1 of 10Recommended composition of influenza virus vaccines for use in the 2021-2022 northern hemisphere influenza season", OMS, février 2021.
Source 2 : "Covid-19 et grippe : la HAS précise les conditions d’une co-administration des vaccins, Haute Autorité de Santé, 27 septembre 2021.
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