Besançon : “personne ne mérite ça”, les soignants sans pass sanitaire symbolisent devant le CHU leur mort professionnelle

Ce mercredi 15 septembre marquait l’obligation vaccinale pour les salariés des établissements de santé. Au CHU de Besançon (Doubs), la direction n’a pas communiqué le nombre de personnels sans pass. Des milliers sont arrivés au dernier moment.

23h59. Jusqu'au dernier moment, certains agents de l'hôpital de Besançon opposés au pass sanitaire, ont attendu pour prévenir par courrier électronique leur direction. Résultat, lors du comité technique d’établissement qui s’est tenu ce mercredi matin, la direction n’a pas été en mesure de donner de chiffres sur le nombre de salariés non vaccinés qui devraient être suspendus. Un tiers des 7200 agents n’avait pas donné leur pass à J-6 de l’échéance d’obligation vaccinale.

Cet après-midi devant le CHU, vaccinés et non vaccinés se sont rassemblés à l’appel notamment de Sud et FO et de la CGT du Doubs. Ils étaient près de 800. Solidaires. Dans la même galère, redoutant la suspension de personnels nécessaires à la bonne marche de l'hôpital.

“La direction ne veut pas nous communiquer de chiffres, et ça nous inquiète beaucoup car dans les services, on est déjà en pénurie de personnels” lance Marc Paulin élu du syndicat SUD. Devant le parvis, le moment est solennel. Des soignants sont allongés, comme morts au sol, une croix sur la blouse blanche.

Cette infirmière fait partie des agents qui n’ont pas présenté de pass sanitaire. “Après tout ce qu’on a investi, après 18 mois horribles, mais qui sont la continuité d’années de plus en plus horribles, on n’a plus la possibilité d’exercer un métier qui relève de la bienveillance et la bientraitance. Je me battrai jusqu’au bout” lance la jeune femme qui encourt une suspension de contrat, sans salaire pour vivre.

Besançon : “personne ne mérite ça”, les soignants sans pass sanitaire symbolisent devant le CHU leur mort professionnelle

“Le virus circule, mais il n’a pas d’implication sur l’hôpital. Ce serait peut-être le temps de détendre l’atmosphère, plutôt que de rajouter des complexités là où il ne devrait pas y en avoir” ajoute Marc Paulin.

Qui sera suspendu au CHU de Besançon ?

Depuis ce 15 septembre, les agents, soignants et non-soignants doivent avoir un pass sanitaire pour travailler, c'est-à-dire avoir reçu au moins une dose de vaccin, sauf pour ceux protégés encore par l’immunité covid. Pourtant, ce matin, les non vaccinés sont venus travailler. “Jusqu’à ce qu’ils soient convoqués. En attendant, ils feront leur travail. C’est l’incohérence absolue” dénonce le syndicaliste.

Reportage S.Bourgeot, P.Arbez avec Audrey infirmière diplomée d'Etat au CHRU - Fabienne infirmière à la Maison d'enfants La Béline de Salins - Marc Paulin Infirmier secrétaire du syndicat Sud-santé - Ludivine Vinel secrétaire générale FO CHRU - Laurence Mathioly secrétaire départementale Sud Santé Sociaux

Les premiers salariés non vaccinés ont commencé à être convoqués. Le cortège est monté d’un ton apprenant qu’une salariée s’était vu refuser l’accompagnement à son entretien.

Les salariés du CHU redoutent des changements de plannings. La direction va convoquer progressivement les personnels sans pass sanitaire. Choisira-t-elle de suspendre uniquement les personnels là où cela est “tenable” pour les services ? Suspendra-t-elle tous les “sans pass” ? Selon nos informations, la direction se réserve aussi la possibilité de déclencher le plan blanc si trop de personnels venaient à manquer du fait de l’obligation vaccinale.

L’agence régionale de santé va effectuer des contrôles

L’ARS rappelle que l’obligation vaccinale, est applicable à partir du 15 septembre pour tous les personnels des établissements de santé et médico-sociaux (quel que soit leur métier) et pour tous les professionnels de santé (qu’ils soient salariés de ces établissements ou exercent comme profession libérale). A partir d’aujourd’hui, la vaccination devient une condition d’exercice de ces professionnels.

L'ARS précise que les professionnels libéraux qui poursuivraient leur activité sans respecter l’obligation vaccinale, qu’ils engageraient alors dès à présent leur responsabilité personnelle et pénale.

"L’ARS engage sans délai dans la région des opérations de contrôle, pour s’assurer du respect de ces obligations dans tous les secteurs concernés". De premières suspensions ont donc d’ores et déjà été prononcées.

L’ARS ne communique pas de chiffres mais précise que l’immense majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité, des professionnels concernés ont un pass sanitaire. Les suspensions d’activité ne concernent donc qu’un petit nombre de situations, et ne concernent d’ailleurs pas uniquement des personnels soignants. Ces suspensions d’activité entraînent hélas nécessairement un report de la charge de travail sur les professionnels respectueux de l’obligation vaccinale et peuvent conduire, très ponctuellement, à des réductions d’activité dans certains établissements. Aucune situation de rupture de la continuité des soins n’est à ce stade identifiée dans les établissements de la région.

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